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Numéro 80 de la lettre d’information Digital Watch – juin 2023

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Tendances

L’IA est le maître mot

Dans l’esprit de l’illustration de couverture du gigantesque enjeu que représente l’IA pour l’avenir de l’humanité, une question essentielle se pose: qui a les cartes en main? Est-ce une simple coïncidence, le divin ou des intérêts particuliers?

En mai, l’IA a été au premier plan des discussions mondiales et de la couverture médiatique, et a figuré à l’ordre du jour de réunions et de débats parlementaires. Pourquoi ce battage médiatique?

Premièrement, des alertes très fortes ont été lancées sur le fait que l’IA menace la survie même de l’humanité.

Deuxièmement, la mise en garde contre les risques inhérents à l’existence de l’IA est généralement associée à un besoin de réglementer le développement futur de l’IA.

Dans une toute nouvelle dynamique, les entreprises souhaitent être encadrées. Sam Altman, CEO d’OpenAI, a souligné le rôle crucial des gouvernements dans la réglementation de l’IA et a préconisé la création d’une agence gouvernementale ou mondiale de l’IA chargée de superviser la technologie. Cet organisme de réglementation exigerait des entreprises qu’elles obtiennent des licences avant de développer des modèles d’IA puissants ou d’exploiter des centres de données facilitant le développement de l’IA. Les développeurs seraient ainsi tenus de respecter des règles de sécurité, et d’établir un consensus sur les normes et les risques qui doivent être maîtrisés.

Parallèlement, Microsoft a publié un projet complet de gouvernance de l’IA. Dans sa préface, Brad Smith, président de Microsoft, plaide également en faveur de la création d’une nouvelle agence gouvernementale chargée d’appliquer les nouvelles règles en matière d’IA.

Troisièmement, les gouvernements des pays développés sont favorables à l’idée de réglementer le déploiement futur de l’IA.

Quatrièmement, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que la réglementation, soutenue par une menace existentielle, vise à bloquer les développements open source de l’IA et à confier son pouvoir à un petit nombre de dirigeants, principalement OpenAI/Microsoft et Google.

Quelle que soit la motivation qui préside à la réglementation de l’IA, nous pouvons identifier quelques thèmes qui lui font écho : les violations de la vie privée, les préjugés, la multiplication des escroqueries, la désinformation et la protection de la propriété intellectuelle, entre autres. Cependant, tous les régulateurs ne partagent pas les mêmes points de vue. Voici un échantillon de ce que les juridictions du monde entier ont exprimé en mai 2023 concernant leur volonté de réglementer l’IA, et les approches qu’elles proposent.

L’UE. La première réglementation mondiale en matière d’IA est, sans surprise, élaborée par le mastodonte de la régulation qu’est l’UE. Elle adopte une approche de l’IA fondée sur le risque, en établissant des contraintes pour les fournisseurs et les utilisateurs d’IA en fonction du niveau de risque posé par les systèmes d’IA. Elle introduit également une procédure par étapes pour réglementer l’IA à usage général, ainsi que les modèles d’IA fondateurs et génératifs. Le projet de législation doit être approuvé par le Parlement en séance plénière, ce qui devrait se produire au cours de la session du 12 au 15 juin. Ensuite, les négociations avec le Conseil sur la forme finale de la loi pourront commencer.

Les États-Unis. Des représentants du gouvernement américain ont rencontré les P.-D.G. d’Alphabet, d’Anthropic, de Microsoft et d’OpenAI, et ont évoqué trois points essentiels : la transparence, l’évaluation et la sécurité des systèmes d’IA. La Maison-Blanche et les principaux développeurs d’IA vont collaborer pour évaluer les systèmes d’IA générative afin de détecter les failles et les vulnérabilités potentielles, telles que les confabulations, les violations de confidentialité et les partialités. Les États-Unis évaluent également l’impact de l’IA sur la main-d’œuvre, l’éducation, les utilisateurs et les risques d’utilisation abusive des données biométriques.

Le Royaume-Uni. Il est un autre gouvernement qui collaborera avec l’industrie : le Premier ministre, Rishi Sunak, a rencontré les P.-D.G. d’OpenAI, de Google DeepMind et d’Anthropic pour discuter des risques que l’IA peut poser, tels que la désinformation, la sécurité nationale et les menaces existentielles. Les P.-D.G. ont accepté de travailler en étroite collaboration avec la Foundation Model Taskforce du Royaume-Uni pour faire progresser la sécurité de l’IA. Le Royaume-Uni se concentre également sur les risques électoraux liés à l’IA et sur l’impact du développement des systèmes d’IA sur la concurrence et la protection des consommateurs. Le Royaume-Uni conservera apparemment son approche sectorielle de l’IA, aucune réglementation générale de l’IA n’étant prévue.

Chine. L’Administration du cyberespace de Chine (CAC) a fait part de ses préoccupations concernant les technologies avancées telles que l’IA générative, notant qu’elles pourraient sérieusement remettre en question la gouvernance, la réglementation et le marché du travail. Le pays a également appelé à améliorer la gouvernance de la sécurité de l’IA. En avril, la CAC a proposé des mesures de régulation des services d’IA générative, qui précisent que les fournisseurs de ces services doivent s’assurer que leur contenu est conforme aux valeurs fondamentales de la Chine. Parmi les contenus interdits figurent la discrimination, les fausses informations et la violation des droits de propriété intellectuelle (DPI). Les outils utilisés dans les services d’IA générative doivent faire l’objet d’une évaluation de sécurité avant leur lancement. Les mesures étaient ouvertes aux commentaires jusqu’au 2 juin, ce qui signifie que nous en verrons bientôt le résultat.

Australie. Elle s’inquiète des risques liés à l’IA, tels que les contrefaçons, la désinformation, les incitations à l’automutilation et les abus algorithmiques. Le pays cherche actuellement à savoir s’il doit soutenir le développement d’une IA responsable par des approches volontaires, telles que des outils, des cadres et des principes, ou par des approches réglementaires exécutoires, telles que des lois et des normes obligatoires. 

Corée du Sud. La loi sur l’IA du pays n’est plus qu’à une encablure du vote final de l’Assemblée nationale. Elle permettra le développement de l’IA sans approbation préalable du Gouvernement, classera l’IA à haut risque et établira des normes de fiabilité, soutiendra l’innovation dans l’industrie de l’IA, établira des lignes directrices éthiques, et créera un plan de base pour l’IA et un comité de l’IA supervisé par le Premier ministre. Le Gouvernement a également annoncé qu’il créerait de nouvelles directives et normes pour les droits d’auteur des contenus générés par l’IA d’ici septembre 2023.

Japon. Le gouvernement japonais vise à promouvoir et à renforcer les capacités nationales de développement de l’IA générative tout en s’attaquant aux risques liés à l’IA, tels que la violation des droits d’auteur, la divulgation d’informations confidentielles, les fausses informations et les cyberattaques, entre autres.

Italie. L’Italie a temporairement banni ChatGPT en raison de violations du RGPD en mars. ChatGPT est de retour en Italie après qu’OpenAI a révisé ses déclarations de confidentialité et ses contrôles, mais Garante, l’autorité de protection des données de l’Italie, intensifie son examen des systèmes d’IA pour s’assurer qu’ils respectent les lois sur la protection de la vie privée.

France. La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a lancé un plan d’action pour l’IA afin de promouvoir un cadre pour le développement de l’IA générative qui respecte la protection des données personnelles et les droits de l’Homme. Ce cadre repose sur quatre piliers : (a) comprendre l’impact de l’IA sur l’équité, la transparence, la protection des données, les préjugés et la sécurité ; (b) développer une IA respectueuse de la vie privée par l’éducation et des lignes directrices ; (c) collaborer avec les innovateurs de l’IA pour assurer la conformité à la protection des données ; (d) auditer et contrôler les systèmes d’IA pour sauvegarder les droits des individus, notamment en ce qui concerne la surveillance, la fraude et les réclamations.

Inde. Le Gouvernement envisage un cadre réglementaire pour les plateformes basées sur l’IA en raison de préoccupations telles que les droits de propriété intellectuelle, les droits d’auteur et la partialité des algorithmes, mais il cherche à le faire en collaboration avec d’autres pays.

Efforts internationaux. En amont de la loi européenne sur l’IA, la Commission européenne et Google prévoient d’unir leurs forces « avec tous les développeurs d’IA » pour élaborer un pacte volontaire sur l’IA. M. Altman, d’Open AI, doit également rencontrer des fonctionnaires de l’UE au sujet de ce pacte.

L’UE et les États-Unis vont établir conjointement un code de conduite en matière d’IA afin de renforcer la confiance du public dans cette technologie. Ce code volontaire « serait ouvert à tous les pays partageant les mêmes idées », a déclaré le secrétaire d’État américain Anthony Blinken.

En outre, le G7 a convenu de lancer un dialogue sur l’IA générative – y compris sur des questions telles que la gouvernance, la désinformation et les droits d’auteur – en coopération avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Partenariat mondial sur l’IA (GPAI). Les ministres examineront l’IA dans le cadre du « processus d’Hiroshima sur l’IA » et rendront compte des résultats d’ici fin 2023. Les dirigeants du G7 ont également appelé à l’élaboration et à l’adoption de normes techniques pour garantir la fiabilité de l’IA.

Alors, qui a les cartes en mainCe n’est pas encore clair. Nous espérons que ce seront les citoyens qui auront le dernier mot. Les efforts réglementaires mis à part, l’une des façons de s’assurer que les individus conservent la maîtrise de leurs connaissances, même lorsqu’elles sont codifiées par l’IA, est de recourir à l’IA ascendante. Cela permettrait d’atténuer le risque de centralisation du pouvoir inhérent aux grandes plateformes d’IA générative. En effet, l’IA ascendante est généralement basée sur une approche ouverte et transparente qui peut atténuer la plupart des risques de sûreté et de sécurité liés aux plateformes d’IA centralisées. De nombreuses initiatives, y compris les stratégies de développement de l’IA de Diplo, ont prouvé que l’IA ascendante est techniquement faisable et économiquement viable. Il existe de nombreuses raisons d’adopter l’IA ascendante comme moyen pratique de favoriser un nouveau système d’exploitation sociétal fondé sur la centralité, la dignité, le libre arbitre et la réalisation du potentiel créatif des êtres humains.

Baromètre

Les développements de la politique numérique qui ont fait les gros titres

Le paysage de la politique numérique évolue quotidiennement. Voici donc les principaux développements du mois de mai. Chaque mise à jour du Digital Watch observatory est plus détaillée.

en progression

L’architecture mondiale de la gouvernance numérique

La Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information a été célébrée le 17 mai. Des représentants des Nations unies ont appelé à réduire la fracture numérique, à soutenir les biens publics numériques et à mettre en place un Pacte mondial pour le numérique (PMN).

La quatrième réunion ministérielle UE-États-Unis du Conseil du commerce et de la technologie (CCT) a porté sur les risques liés à l’IA, la réglementation des contenus, les identités numériques, les semi-conducteurs, les technologies quantiques et les projets de connectivité.


neutre

Le développement durable

Selon un rapport de la GSMA, pour combler le fossé numérique entre les hommes et les femmes d’ici 2030, 100 millions de femmes supplémentaires devraient adopter l’Internet mobile chaque année.

La Commission européenne et l’OMS ont lancé une initiative historique dans le domaine de la santé numérique afin d’établir un réseau mondial complet pour la certification de la santé numérique.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée a mis en place une plateforme de gestion des cartes d’identité numériques, tandis que les Maldives ont introduit une application mobile de carte d’identité numérique pour simplifier l’accès aux services gouvernementaux. Le programme eID d’Evrotrust est devenu le système officiel d’identification numérique de la Bulgarie.


en progression

La sécurité

Un rapport chinois affirme avoir identifié cinq procédés utilisés par la CIA pour lancer des révolutions colorées à l’étranger et neuf procédés utilisés comme armes pour des cyberattaques.

Les agences cybernétiques « Five Eyes » ont attribué les cyberattaques contre des infrastructures critiques américaines au groupe de pirates informatiques Volt Typhon, soutenu par l’État chinois, ce que la Chine a démenti. Le FBI a perturbé une opération de cyberespionnage russe baptisée « Snake ». Les gouvernements de la Colombie, du Sénégal, de l’Italie et de la Collectivité territoriale de la Martinique ont subi des cyberattaques.

Les États-Unis et la Corée du Sud ont publié un avis conjoint avertissant que la Corée du Nord utilise des tactiques d’ingénierie sociale dans ses cyberattaques.

L’OTAN a mis en garde contre une menace russe potentielle pour les câbles Internet et les gazoducs en Europe et en Amérique du Nord.


neutre

Infrastructure

L’Organe des régulateurs européens des communications électroniques (ORECE) et la majorité des pays de l’UE s’opposent à la pression exercée par les fournisseurs de télécommunications pour que les grandes entreprises technologiques contribuent au coût du déploiement de la 5G et du haut débit en Europe.

La Tanzanie a signé des accords pour étendre les services de télécommunications à 8,5 millions de personnes dans les zones rurales.


neutre

Le commerce électronique et économie de l’Internet

La Commission européenne a approuvé l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft à condition que les licences Microsoft permettent aux consommateurs d’utiliser n’importe quel service de diffusion en continu.


en progression

Les droits numériques

La Corée du Sud a proposé de modifier sa loi sur la protection des informations privées afin de renforcer les exigences en matière de consentement, d’unifier les normes de traitement des données en ligne / hors ligne et d’établir des critères d’évaluation des violations.

Le Classement mondial de la liberté de la presse 2023 révèle que le journalisme est menacé par l’industrie du faux contenu et le développement rapide de l’IA.

Des interruptions d’Internet ont été signalées au Pakistan à la suite de l’arrestation de l’ancien Premier ministre, et au Soudan au milieu des protestations liées à la condamnation d’un dirigeant de l’opposition, tandis que les médias sociaux ont été restreints en Guinée à la suite de protestations.


en progression

La politique de contenu

Les arrêts de la Cour suprême des États-Unis dans les affaires Gonzalez v. Google, LLC et Twitter, Inc. v. Taamneh ont maintenu les protections de l’article 230 pour les plateformes en ligne.

Google et Meta ont menacé de bloquer les liens vers les sites d’information canadiens si un projet de loi obligeant les plateformes Internet à rémunérer les éditeurs pour leurs informations était adopté.

L’Autriche a interdit l’utilisation de TikTok sur les téléphones professionnels des fonctionnaires fédéraux.

L’Alliance pour les biens publics numériques (DPGA) et le PNUD ont annoncé neuf solutions innovantes à code source ouvert pour faire face à la crise mondiale de l’information. L’UE a appelé à un étiquetage clair des contenus générés par l’IA afin de lutter contre la désinformation. Bien que Twitter se soit retiré du code pour lutter contre la désinformation, il doit toujours se conformer à la loi sur le service numérique lorsqu’il opère dans l’UE.


neutre

Juridiction et questions légales

Apple fait l’objet d’une enquête en France à la suite de plaintes selon lesquelles elle rendrait intentionnellement ses appareils obsolètes afin d’obliger les utilisateurs à en acheter de nouveaux.

Meta s’est vu infliger une amende de 1,2 milliard d’euros en Irlande pour avoir mal exploité les données des utilisateurs et pour avoir continué à transférer des données aux États-Unis en violation d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne.


en progression

Les technologies

Un représentant chinois à l’OMC a critiqué les subventions accordées par les États-Unis à l’industrie des semi-conducteurs, les considérant comme une tentative d’entraver les progrès technologiques de la Chine. La Corée du Sud a demandé aux États-Unis de revoir sa règle interdisant à la Chine et à la Russie d’utiliser des fonds américains pour la fabrication de puces et la recherche.

Les États-Unis envisagent de restreindre les investissements dans les puces chinoises, l’IA et l’informatique quantique afin de freiner les flux de capitaux et d’expertise.

L’Australie a publié une nouvelle stratégie nationale en matière d’informatique quantique. La Chine a lancé une plateforme d’informatique quantique en nuage pour les chercheurs et le public.

En bref

Note d’information du Secrétaire général des Nations unies à l’intention du PMN

Le Secrétaire général des Nations unies a publié un document de synthèse contenant des suggestions sur la manière dont un Pacte mondial pour le numérique (PMN) pourrait contribuer à faire progresser la coopération numérique. Le PMN doit être adopté dans le cadre du Sommet de l’avenir en 2024 et devrait « énoncer des principes communs pour un avenir numérique ouvert, libre et sûr pour tous ». Voici un résumé des principaux points du document.

Le document souligne les domaines dans lesquels « la nécessité d’une coopération numérique multipartite est urgente » : réduire la fracture numérique et faire progresser les objectifs du Millénaire pour le développement, rendre l’espace en ligne ouvert et sûr pour tous, et régir l’IA pour l’humanité. Il propose également des objectifs et des actions pour faire progresser la coopération numérique, structurés autour de huit thèmes proposés pour être couverts par le PMN.

Connectivité numérique et renforcement des capacités. L’objectif est de réduire la fracture numérique et de donner aux individus les moyens de participer pleinement à l’économie numérique. Les actions proposées comprennent la fixation d’objectifs de connectivité universelle et l’amélioration de l’éducation du public à la culture numérique.

Coopération numérique pour la réalisation des objectifs de développement durable. Ces objectifs impliquent des investissements ciblés dans l’infrastructure et les services numériques, la garantie de données représentatives et compatibles, et l’établissement de normes de durabilité numérique harmonisées à l’échelle mondiale. Les actions proposées incluent la conception d’infrastructures numériques sûres et inclusives, la promotion d’écosystèmes de données ouverts et accessibles, et l’élaboration d’un plan commun pour la transformation numérique.

Défendre les droits de l’Homme. Il s’agit de placer les droits de l’Homme au cœur de l’avenir numérique, de s’attaquer à la fracture numérique entre les hommes et les femmes, et de protéger les droits des travailleurs. L’une des principales mesures proposées est la création d’un mécanisme consultatif sur les droits de l’Homme dans le domaine du numérique, sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme.

Un Internet inclusif, ouvert, sûr et partagé. Les objectifs comprennent la préservation de la nature libre et partagée de l’Internet, et le renforcement d’une gouvernance multipartite responsable. Les actions proposées impliquent l’engagement des gouvernements à empêcher les coupures générales de l’Internet et les perturbations des infrastructures essentielles.

Confiance et sécurité numériques. Les objectifs vont du renforcement de la coopération multipartite à l’élaboration de normes, de lignes directrices et de principes pour une utilisation responsable des technologies numériques. Les actions proposées comprennent la création de normes communes et de codes de conduite sectoriels pour lutter contre les contenus préjudiciables sur les plateformes numériques.

Protection des données et responsabilisation. Les objectifs comprennent la gouvernance des données au bénéfice de tous, l’habilitation des individus à contrôler leurs données personnelles et l’établissement de normes compatibles pour la qualité des données. Les actions proposées consistent notamment à encourager les pays à adopter une déclaration sur les droits relatifs aux données et à rechercher une convergence sur les principes de gouvernance des données par le biais d’un Pacte mondial pour les données.

Gouvernance flexible de l’IA et des technologies émergentes. Les objectifs consistent à garantir la transparence, la fiabilité, la sécurité et le contrôle humain dans la conception et l’utilisation de l’IA, et à donner la priorité à la transparence, à l’équité et à la responsabilité dans la gouvernance de l’IA. Les actions proposées vont de la création d’un organe consultatif de haut niveau pour l’IA au renforcement des capacités réglementaires dans le secteur public.

Patrimoine numérique mondial. Les objectifs comprennent une coopération numérique inclusive, des échanges soutenus entre les États et les secteurs, et un développement responsable des technologies pour le développement durable et l’autonomisation.

Le document d’orientation propose de nombreux mécanismes de mise en œuvre. Le plus notable est un forum annuel de coopération numérique (DCF) convoqué par le Secrétaire général pour faciliter la collaboration entre les cadres multipartites numériques et réduire la duplication, promouvoir l’apprentissage transfrontalier en matière de gouvernance numérique et identifier des solutions politiques pour les défis numériques émergents ainsi que les lacunes en matière de gouvernance. Le document note également que « le succès du PMN dépendra de sa mise en œuvre » aux niveaux national, régional et sectoriel, avec le soutien de plateformes telles que le Forum sur la gouvernance de l’Internet (FGI) et le Forum du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI). Le document suggère la création d’un fonds d’affectation spéciale destiné à financer un programme de bourses de coopération numérique afin de renforcer la participation des différentes parties prenantes.

Genève

Mise à jour des politiques de la Genève internationale

De nombreuses discussions politiques ont lieu chaque mois à Genève. Voici ce qui s’est passé en mai.

Groupe intergouvernemental d’experts sur le commerce électronique et l’économie numérique, sixième session | 10-12 mai

L’objectif principal de ce groupe intergouvernemental d’experts est de renforcer les efforts de la CNUCED dans les domaines des technologies de l’information et de la communication, du commerce électronique et de l’économie numérique, afin de permettre aux pays en développement de participer à l’économie numérique en constante évolution, et d’en tirer profit. En outre, le groupe s’efforce de réduire la fracture numérique et de promouvoir le développement de sociétés du savoir inclusives. La sixième session se concentre sur deux points principaux de l’ordre du jour : comment mettre les données au service de l’Agenda 2030 pour le développement durable, et le groupe de travail sur la mesure du commerce électronique et de l’économie numérique.

Groupe d’experts gouvernementaux (GGE) sur les technologies émergentes dans le domaine des systèmes d’armes autonomes létaux (LAWS), deuxième session 2023 | 15–19 mai

La deuxième session du Groupe d’experts gouvernementaux sur les LAWS s’est tenue à Genève pour « intensifier l’examen des propositions et élaborer, par consensus, d’éventuelles mesures » dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC), tout en faisant appel à des experts juridiques, militaires et technologiques.

Dans la version préliminaire du rapport final (CCW/GGE.1/2023/2), le groupe d’experts a conclu que, pour caractériser les systèmes d’armes construits à partir de technologies émergentes dans le domaine des LAWS, il est essentiel de prendre en compte les développements futurs potentiels de ces technologies. Le groupe a également affirmé que les États doivent veiller tout particulièrement au respect du droit international humanitaire tout au long du cycle de vie de ces systèmes d’armes. Les États devraient limiter les types de cibles ainsi que la durée et la portée des opérations auxquelles les systèmes d’armes peuvent participer ; une formation adéquate doit être dispensée aux opérateurs humains. Si le système d’armes basé sur des technologies dans le domaine des LAWS ne peut pas être conforme au droit international, il ne doit pas être déployé.

La 76e Assemblée mondiale de la santé | 21-30 mai

La 76e Assemblée mondiale de la santé (AMS) a invité les délégués de ses 194 États membres à Genève pour discuter des priorités et des politiques de l’organisation sur le thème « L’OMS à 75 ans : sauver des vies, promouvoir la santé pour tous ». Une série de tables rondes a permis aux délégués, aux agences partenaires, aux représentants de la société civile et aux experts de l’OMS de débattre des questions de santé publique actuelles et futures d’importance mondiale. Le 23 mai, le comité B s’est penché sur les rapports d’avancement (A76/37) qui soulignent la mise en œuvre des « stratégies mondiales sur la santé numérique », comme convenu lors de la 73e Assemblée mondiale de la santé. Depuis l’adoption de ces stratégies en 2020, le secrétariat de l’AMS, en collaboration avec des partenaires de développement et d’autres agences des Nations unies, a formé plus de 1 600 fonctionnaires dans plus de 100 États membres à la santé numérique et à l’intelligence artificielle. Le secrétariat a également lancé de nombreuses initiatives pour la diffusion des connaissances et les développements nationaux liés aux stratégies de santé numérique. De 2023 à 2025, le secrétariat continuera à faciliter les actions coordonnées définies dans les stratégies mondiales tout en donnant la priorité aux besoins des États membres.

À venir

Les principaux événements du mois de juin en matière de politique numérique

5–8 juin 2023 | RightsCon (San José, Costa Rica, et en ligne)

La 12e édition du RightsCon devait aborder les développements mondiaux liés aux droits numériques dans 15; domaines: accès et inclusion; IA; entreprises, travail et commerce; conflits et action humanitaire; gouvernance du contenu et désinformation; normes cybernétiques et cryptage; protection des données; sécurité numérique pour les communautés; technologies émergentes; liberté des médias; avenirs, fictions et créativité; gouvernance, politique et élections; conception axée sur les droits de l’Homme; justice, litiges et documentation; haine et violence en ligne; philanthropie et développement organisationnel; vie privée et surveillance; fermetures et censure; tactiques pour les activistes.

12–15 juin 2023 | Forum politique ICANN 77 (Washington, D. C., États-Unis)

Le forum politique est la deuxième réunion du cycle annuel de trois rencontres. Cette réunion se concentre sur le travail d’élaboration des politiques des organisations de soutien et des comités consultatifs, ainsi que sur les activités de sensibilisation régionales. L’ICANN vise à garantir un dialogue inclusif qui offre des possibilités égales pour tous de s’engager sur des questions politiques importantes.

13 juin 2023 | Forum suisse sur la gouvernance de l’Internet 2023 (Berne, Suisse, et en ligne)

Cet événement d’une journée s’est concentré sur des sujets tels que l’utilisation et la réglementation de l’IA, en particulier dans le contexte de l’éducation, de la protection des droits fondamentaux à l’ère numérique, de la gestion responsable des données, de l’influence des plateformes, des pratiques démocratiques, de l’utilisation responsable des nouvelles technologies, de la gouvernance de l’Internet et de l’impact de la numérisation sur la géopolitique.

15–16 juin 2023 | Assemblée numérique 2023 (Arlanda, Suède, et en ligne)

Organisée par la Commission européenne et la présidence suédoise du Conseil de l’Union européenne, cette assemblée devait avoir pour thème : « Une Europe numérique, ouverte et sûre ». Le programme de la conférence devait comprendre cinq sessions plénières, six sessions en petits groupes et trois événements parallèles. Les principaux thèmes de discussion devaient être l’innovation numérique, la cybersécurité, l’infrastructure numérique, la transformation numérique, l’IA et l’informatique quantique.

19–21 juin 2023 EuroDIG 2023 (Tampere, Finlande, et en ligne)

L’EuroDIG 2023 se tiendra sous le thème général de l’Internet en période troublée: risques, résilience et espoir. En plus de la conférence, EuroDIG accueille YOUthDIG, un pré-événement annuel qui encourage la participation active des jeunes (âgés de 18 à 30 ans) à la gouvernance de l’Internet. La GIP s’associe de nouveau à EuroDIG pour fournir des mises à jour et des rapports de la conférence à l’aide de DiploGPT.

DiploGPT a rendu compte de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU

En mai, Diplo a utilisé l’IA pour rendre compte de la session du Conseil de sécurité des Nations unies : la confiance à l’épreuve du temps pour une paix durable. DiploGPT a produit un rapport automatique comprenant un résumé, une analyse des soumissions individuelles et des réponses aux questions posées par le président de la réunion. DiploGPT combine divers algorithmes et outils d’intelligence artificielle adaptés aux besoins des Nations unies et des communications diplomatiques.