[Transcript] Internet regulation ‘preserves innovation but protects individual freedoms’, says Thierry Breton
European Commissioner Thierry Breton discussed internet regulation on a French radio program, emphasizing the importance of regulating Big Tech to preserve innovation while protecting individual freedoms. The regulation aims to hold tech giants accountable for respecting European laws, including rules on social networks. Breton highlighted the significance of enforcing these regulations, ensuring compliance through penalties if necessary. The conversation also touched on concerns regarding journalists’ freedom, academic rights, and the need for balanced regulation in the digital space. Breton’s insights emphasized the delicate balance between upholding individual freedoms and fostering innovation in the digital sphere.
European Commissioner Thierry Breton was interviewed [in French] on France Inter’s radio programme L’invitĂ© de 8h20 : le grand entretien on Monday, 26 June 2023, by journalists Nicolas Demorand and LĂ©a SalamĂ©. Here is a transcript of the interview discussing Big Tech. We’ve also provided an English translation of the section further down.
Transcript and translation by Diplo’s Anastassia Stent.
Internet : la rĂ©gulation “prĂ©serve l’innovation mais protĂšge les libertĂ©s individuelles”, selon Thierry Breton
Demorand : Venant-ont aux patrons de la tech que vous avez rencontrĂ© lors d’un voyage de plusieurs jours Ă San Francisco. Mark Zuckerberg, patron de MĂ©ta qui dĂ©tient Facebook et Instagram, Elon Musk, patron de Twitter, ainsi que Sam Altman, le directeur gĂ©nĂ©ral d’Open AI, la start-up qui est derriĂšre ChatGPT se sont-ils, Monsieur le Commissaire Breton, engagĂ©s Ă appliquer la loi europĂ©enne, la fameuse digital service acte qui rĂ©glemente notamment les plateformes les rĂ©seaux sociaux, se sont-ils engagĂ©s Ă respecter ce que vous avez prĂ©parĂ© qui entre en vigueur dans huit semaines ou ce qu’ils trainent des pieds ?
Breton : Non, ils ne traĂźnent pas des pieds. Je tiens vraiment Ă le dire. Alors ils se sont engagĂ©s. Encore une fois. Personne ne force quiconque Ă venir offrir ses services sur le marchĂ© europĂ©en, mais nous sommes un continent ouvert. Il se trouve que maintenant et depuis bientĂŽt 4 ans que je suis commissaire, dĂšs le premier jour j’ai travaillĂ© avec mes Ă©quipes Ă bĂątir progressivement une rĂ©gulation, dans cet espace informationnel qui n’Ă©tait pas rĂ©gulĂ©. Donc on a essayĂ© de la faire Ă©quilibrer, prĂ©servant l’innovation, mais protĂ©geant les libertĂ©s individuelles. Cette rĂ©gulation vous venez de le dire, elle rentre en vigueur en ce qui concerne l’aspect rĂ©seaux sociaux donc social, le 25 aoĂ»t, et oui bien sĂ»r ils se sont tous engagĂ©s fermement parce qu’ils ont tous envie de continuer Ă offrir des services sur ce qui est quand mĂȘme le premier marchĂ© numĂ©rique du monde libre. On est une fois et demie plus important que le marchĂ© amĂ©ricain, je le rappelle souvent parce que les gens l’oublient, donc personne ne peut ĂȘtre dans une situation oĂč il n’aurait pas accĂšs.
Alors maintenant cette rĂ©gulation, elle est stricte, elle est rigoureuse, elle a Ă©tĂ© trĂšs difficile Ă mettre en Ćuvre. Comme vous le savez notre lĂ©gislation c’est le Parlement europĂ©en et c’est le Conseil europĂ©en qui reprĂ©sente les Ătats. Les parlementaires qui travaillent depuis 4 ans, nuit et jour, qui sont parmi les plus aujourd’hui aux faites de ces questions et qui ont travaillĂ© pour faire en sorte que nous ayons maintenant cette rĂ©gulation. Alors les Ătats-Unis eux ne l’ont pas ils n’arrivent pas Ă la mettre en Ćuvre, et pour une raison Ă©vidente parce que politiquement c’est compliquĂ© de trouver un consensus sur ces questions et en particulier aux Ătats-Unis.
SalamĂ© : Alors juste pour quâon parle concrĂštement, vous avez rencontrĂ© Elon Musk, vous avez rencontrĂ© la nouvelle PDG Linda Yaccarino, vous avez rencontrĂ© Mark Zuckerberg etc. Est-ce qu’on peut dire, pardon de simplifier les choses, mais est-ce qu’on peut dire que, par exemple Facebook et Instagram font partie des « bons Ă©lĂšves » qu’ils ont mis 1000 personnes pour se conformer aux exigences europĂ©ennes, mais que pour twitter, pour Elon Musk Ă ce stade c’est plus compliquĂ©, sans dire quâil est un mauvais Ă©lĂšve ?
Breton : Tout dâabord, je ne suis pas lĂ pour donner des bons points ou des mauvais points. Je suis lĂ pour, Ă partir du 25 aoĂ»t, mettre en place cette rĂ©gulation et de l’appliquer. Je rappelle que si elle n’est pas appliquĂ©e, c’est des sanctions financiĂšres trĂšs importantes et si ça ne suffit pas c’est une interdiction temporaire ou dĂ©finitive d’opĂ©rer sur le territoire europĂ©en. Donc tout le monde le connaĂźt, et mon rĂŽle c’est bien d’expliquer tout cela.
Demorand : Quand vous dites Ă Musk cette information, quâest quâil vous rĂ©pond ?
Breton : Il me rĂ©pond que le DSA câest formidable, ça correspond exactement Ă ce que je veux faire et je vais tout faire pour le faire trĂšs bien. Donc ils ont lancĂ© avec ses Ă©quipes un certain nombre de chantiers et j’ai mĂȘme proposĂ© de façon Ă les prĂ©parer (parce quâau fond c’est ça ce que nous souhaitons) de faire des tests en blanc. On a fait dĂ©rouler ces tests en blanc (Ă©videmment je ne vous donnerai pas le rĂ©sultat parce qu’il n’a pas Ă ĂȘtre public ce sont des entreprises et je n’ai pas Ă le faire) mais voilĂ je peux vous dire quâil y encore du travail et ils le savent.
SalamĂ© : Mais quâest ce qui va changer le 25 aoĂ»t pour que les gens comprennent ? Que change la loi en fait ? Que va changer si moi je vais sur Twitter et que jâinsulte quelquâun ?
Breton : A ce moment-lĂ , Twitter aura l’obligation de le dĂ©noncer immĂ©diatement, de le retirer immĂ©diatement, de dĂ©noncer (si jamais c’est le cas) auprĂšs des autoritĂ©s judiciaires. Si ce nâest pas fait, on va tout de suite aller voir pourquoi pas. Il y aura une sanction, correction, et si ce nâest pas corrigĂ©, interdiction. La loi s’appliquera, c’est tout.
Demorand : Mais en mĂȘme temps, Elon Musk est le dĂ©fenseur d’une libertĂ© d’expression totale absolue. C’est sa position philosophique. Est-ce qu’elle est Ă vos yeux respectable et dĂ©fendable ?
Breton : Mais elle nâest pas totale ni absolue. Quand j’en parle avec lui, il est parfaitement conscient que ce qui est interdit dans l’espace physique doit l’ĂȘtre aussi dans l’espace informationnel. Dâailleurs tout le monde est d’accord parce que dĂ©sormais, c’est la loi europĂ©enne. Alors qu’est-ce qui a changĂ© dans la relation sur les GAFA amĂ©ricaines notamment par rapport Ă l’Europe ? C’est que dĂ©sormais l’Europe est respectĂ©e en tant que tel, parce qu’il y a 2 Ă©lĂ©ments importants. En premier, on a une rĂ©gulation qui est Ă©quilibrĂ©e et donc c’est important parce que quand on vient chez nous en Europe dĂ©sormais, on sait ce qu’on peut faire et ce qu’on ne peut pas faire. Et ça câest important pour les entreprises, mĂȘme si vous savez elles ont beaucoup luttĂ© pour Ă©viter ça parce qu’Ă©videmment c’est des contraintes supplĂ©mentaires. Vous l’avez rappelĂ© tout Ă l’heure, 1000 personnes qui travaillent Ă plein temps chez MĂ©ta, donc, sous la direction de Mark Zuckerberg lui-mĂȘme, qui connaissait parfaitement le sujet. J’ai Ă©tĂ© trĂšs impressionnĂ© de voir qu’il connaissait tous les articles de la loi et qu’il Ă©tait lĂ pour les faire respecter. On verra bien derriĂšre, mais ce que je veux dire, c’est quâautant les Ătats-Unis ont quand mĂȘme freinĂ© pour cette rĂ©gulation parce qu’ils n’arrivaient pas Ă la faire eux mĂȘme, maintenant que c’est fait les choses changent. Et je l’ai dit Ă©galement au prĂ©sident par exemple de Nvidia qui est la plus grosse entreprise aujourd’hui, qui fait les composants pour supercalculateur, qu’est-ce qu’on a, dĂ©sormais, en Europe? D’abord, on sait exactement ce qu’on va pouvoir faire de nos donnĂ©es et pas faire, c’est trĂšs important. DeuxiĂšmement, on va avoir la plus grande puissance de calcul qui va ĂȘtre disponible pour toutes les entreprises et les start-ups beaucoup plus importantes que celles qui est disponible aux Ătats-Unis. Or on sait que pour ces applications, en particulier l’intelligence artificielle, ce qu’il faut c’est bien savoir ce qu’on peut faire avec les donnĂ©es et avoir un accĂšs Ă la plus grande puissance de calcul. Donc tous ceux qui vont vouloir venir dĂ©velopper prĂ©cisĂ©ment les algorithmes, vont ĂȘtre les bienvenues en France et beaucoup m’ont dit en particulier Ă OpenAI qui respectait cela.
En parlant de OpenAI, la boĂźte qui a fait chatGPT, son patron Sam Altman, avait dĂ©clarĂ© sur votre loi parce qui doit aussi rĂ©guler l’intelligence artificielle, quâils allaient essayer de conformer Ă la loi europĂ©enne, mais que sâils ne pouvaient pas, quâils allaient cessĂ© d’opĂ©rer en Europe.
Breton : Oui, mais vous avez vu qu’il a corrigĂ© en disant quâon avait mal compris ce quâil a voulu dire. Dâailleurs, il a retweeter en disant que bien sĂ»r nous allons respecter la loi et bien sĂ»r, nous allons ĂȘtre en Europe et que nous allons Ă©galement appliquer ce qu’on appelle le « watermarking » c’est-Ă -dire le fait que quand une application sera gĂ©nĂ©rĂ©e par l’intelligence artificielle, il faudra que ce soit mentionnĂ©.
SalamĂ© : Et ça, ça va ĂȘtre le cas ? C’est-Ă -dire demain, la photo du pape en doudoune il y aura une marque indiquant lâutilisation de lâIA?
Breton : Oui, câest exactement ce qui est aujourd’hui proposĂ© par le parlement europĂ©en et que nous soutenons y compris pour les textes.
Demorand : Alors sur le respect des lois, nous sommes en ligne avec Brice, au standard d’Inter bonjour, vous avez un doute Brice sur le sujet ?
Brice : Oui, merci de prendre ma question justement tout Ă l’heure, LĂ©a SalamĂ©, Ă donner l’exemple : si elle insultes quelqu’un sur un sur internet, qu’est-ce qui se passe ? Je voulais demander Ă quand cette rĂ©gulation s’appliquera aussi au gouvernement non seulement sur le web, mais aussi dans les grands mĂ©dias comme France Inter, et les gouvernants qui nous mentent et nous insultent Ă longueur de temps. Je finirai juste par une citation de Coluche : « les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les rĂ©pĂštent. »
Demorand : VoilĂ , merci Brice, vous voyez-vous avez eu la parole ce matin. C’Ă©tait important pour vous d’accĂ©der au standard de France Inter, vous pouvez le faire en toute transparence. Pierre-Yves est en ligne maintenant depuis la ville de Tours. Bonjour Pierre-Yves.
Pierre-Yves: Merci, et bonjour Monsieur Breton. Alors, vous Ă©voquez intelligence artificielle et libertĂ©s individuelles, je voudrais parler de ChatGPT et des droits des universitaires. Je suis universitaire, professeur de droit de l’Union europĂ©enne et on observe attentivement la sortie du prochain rĂšglement sur l’intelligence artificielle. ChatGPT pose un vrai problĂšme, au-delĂ de l’usage que peuvent en faire les Ă©tudiants par exemple, et notamment pour les droits d’auteur. Actuellement, les droits d’auteur ne sont ni prĂ©servĂ©s ni respectĂ©s. Alors, je prends un exemple trĂšs simple, les universitaires, toutes disciplines confondues, procĂšdent souvent Ă un dĂ©pĂŽt de leurs ouvrages, de leurs thĂšses, de leurs articles, de leurs recherches sur une plateforme française qui s’appelle « Hale ». Et bien on s’aperçoit qu’en rĂ©alitĂ©, tout se savoir acadĂ©mique de trĂšs haut niveau constitue la matiĂšre premiĂšre de chatGPT. Donc nous ne serons pas citĂ©s, nos droits d’auteurs ne seront pas respectĂ©s. J’ai alertĂ© Ă plusieurs reprises les universitĂ©s mais en majoritĂ© câest le silence radio, donc là ça pose un vrai problĂšme. Ma question est simple, Monsieur Breton, est-ce que la Commission europĂ©enne va initier un rĂšglement permettant de garantir nos libertĂ©s universitaires et surtout nos droits d’auteurs liĂ©s Ă ce pillage industriel payant Ă©videmment pour ceux qui en auront l’usage mais qui n’aura pas de contrepartie pour nous-mĂȘmes ?
Breton: Puisque vous ĂȘtes universitaire, Monsieur, vous savez que ce n’est pas la Commission EuropĂ©enne qui fait la loi. La Commission europĂ©enne propose un texte, et nous avons proposĂ© un texte prĂ©cisĂ©ment de rĂ©gulation de l’intelligence artificielle, il est maintenant votĂ© et dĂ©battu par le parlement et par le conseil. Le conseil a pris sa position et le parlement vient de l’apprendre il y a maintenant 10 jours et nous rentrons en trilogue. Ăa veut dire que c’est donc dans cette instance que les co-lĂ©gislateurs qui n’est pas la Commission EuropĂ©enne, je le redis encore une fois, c’est le peuple qui est reprĂ©sentĂ© par le Parlement et se sont les Ătats qui sont reprĂ©sentĂ©s par le Conseil. Donc, ils vont maintenant harmoniser les positions et dans cette harmonisation oui, il y a effectivement une proposition pour prĂ©server les droits dâauteur sous forme de « watermarking ». Comme je lâai prĂ©cisĂ©, le watermarking assurera la traçabilitĂ© de ce qui a Ă©tĂ© utilisĂ© en matiĂšre d’intelligence artificielle et notamment des donnĂ©es qui ont Ă©tĂ© utilisĂ©es, permettant de prĂ©server les droits d’auteur et les droits Ă l’image.
SalamĂ©: On a quelques petites minutes de questions d’actualitĂ© trĂšs courtes. Tout dâabord vous avez prĂ©sentĂ© le 16 septembre dernier, aux cĂŽtĂ©s de la vice-prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne, VÄra JourovĂĄ, le MĂ©dia Freedom Act ; un projet de rĂšglement europĂ©en pour la libertĂ© des mĂ©dias. Il suscite aujourd’hui de vives inquiĂ©tudes des associations de journalistes qui craignent un risque de censure par les plateformes. Elles craignent aussi d’ĂȘtre surveillĂ©es, que les journalistes soient surveillĂ©s par des logiciels espions. C’est la bronca des mĂ©dias contre votre texte, disent les Ă©chos ce matin. Comment rassurer ?
Breton: Le Parlement a pris une position trĂšs ferme dictant pas de surveillance des journalistes, et celle-ci est soutenue par la Commission. C’est vrai qu’aujourd’hui un certain nombre de pays, dont la France, veulent la surveillance, mais ce qui est autorisĂ© aujourd’hui dans le texte, c’est uniquement dans des cas trĂšs exceptionnels. On pourra surveiller uniquement dans quatre cas : si yâa des risques de pĂ©dopornographie, une suspicion d’homicide, de viol ou de terrorisme. Personnellement, je pense quâĂ©largir la surveillance est une mauvaise idĂ©e parce quâĂ©videmment si ce texte est proposĂ© et dĂ©battu actuellement, c’est pour prĂ©server la libertĂ© d’expression, la libertĂ© des mĂ©dias et en particulier dans les pays notamment europĂ©ens, qui sont sous des rĂ©gimes dits illibĂ©raux. C’est la raison pour laquelle avec le parlement europĂ©en, nous ferons tout ce que nous pourrons pour quâon revienne au texte initial.
Demorand: Sur les mĂ©dias toujours, une question de Paul sur l’application d’Inter : Et la presse française, n’ĂȘtes vous pas inquiet de la situation au JDD ? Vous, commissaire europĂ©en c’est de votre rĂŽle d’empĂȘcher cette concentration des mĂ©dias par BollorĂ© et son idĂ©ologie.
Breton: D’abord, je nâinterviens pas directement sur tel ou tel mĂ©dia, vous le comprendrez. Ce que je dis, c’est que sur ce texte lĂ on ne va pas dire comment il faut gĂ©rer Ă©videmment telle ou telle rĂ©daction. Mais, il est fait et j’espĂšre qu’il sera appliquĂ© et pas dĂ©naturĂ© par rapport Ă ce qu’on vient de dire Ă l’instant, pour prĂ©cisĂ©ment prĂ©server la libertĂ© d’expression. On a indiquĂ© dans ce texte un certain nombre de bonnes pratiques. On a vu qu’il y a beaucoup de groupes europĂ©ens qui gĂšrent vraiment cette spĂ©cificitĂ©, parce que l’information que vous traitez tous les jours ce nâest pas un bien comme les autres, et donc beaucoup de groupes aujourd’hui en particulier d’Europe du Nord, ont su trouver des moyens formidables pour prĂ©server Ă©videmment la libertĂ© d’expression. Nous espĂ©rons vivement que tous les groupes en Europe y compris Français trouveront intĂ©rĂȘt Ă le faire.
SalamĂ©: Vous avez Ă©tĂ© patron d’une trĂšs grande boĂźte qui s’appelle Athos, qui est leader international du numĂ©rique. Plus de 100,000 salariĂ©s, elle a perdu de la valeur depuis que vous l’avez quittĂ© et qui traverse actuellement une zone de turbulence. Quel regard vous avez ?
Breton: Lâentreprise Atos est devenue le numĂ©ro un europĂ©en en matiĂšre de puissance de calcul de cybersĂ©curitĂ© c’est un atout formidable pour lâEurope et aussi pour l’intelligence artificielle.
Transcript: Internet: regulation “preserves innovation but protects individual freedoms”, says Thierry Breton
Demorand: Commissioner Breton, are Mark Zuckerberg, boss of Meta, which owns Facebook and Instagram, Elon Musk, boss of Twitter, and Sam Altman, CEO of Open AI, the start-up behind ChatGPT, committed to applying the European law, the famous digital service act that regulates social networking platforms in particular, or are they dragging their feet?
Breton: No, they’re not dragging their feet. I want to make that very clear. They have committed themselves. Once again. No one is forcing anyone to come and offer their services on the European market, but we are an open continent. As it happens, in the almost 4 years I’ve been commissioner, from day one I’ve worked with my teams to gradually build up regulation in this unregulated information space. So we’ve tried to strike a balance between preserving innovation and protecting individual freedoms. This regulation, as you just said, comes into force on August 25, and yes, of course, they have all made a firm commitment because they all want to continue offering services on what is, after all, the leading digital market in the free world. We’re one and a half times bigger than the American market. Our regulations are strict, theyâre rigorous and have been very difficult to implement. The parliamentarians who are among the most knowledgeable about these issues today, have been working day and night for the past 4 years to ensure that we now have them. The United States, on the other hand, does not have such regulations. They’re unable to implement them due to lack of general consensus and complicated politics.
SalamĂ©: Concretely, can we say that Facebook and Instagram for example, are among the “good students” given that they’ve put 1,000 people to comply with European requirements? At this stage, is it more complicated for Twitter to replicate such actions?
Breton: First of all, I’m not here to decide whoâs done good or bad. I’m here to enact and apply these regulations starting August 25th. Let me remind you that if it isn’t applied, there will be very substantial financial penalties, and if that’s not enough, there will be a temporary or permanent ban on operating on European territory. So everyone knows what it means, and my role is to explain it all.
Demorand: When you tell Musk this information, what does he say?
Breton: He said, “DSA is great, it’s exactly what I want to do, and I’m going to do everything I can to do it right. They have launched a number of projects which I suggest we do some mock tests on to better prepare them for European regulation. We ran these mock tests and although I won’t divulge the results, I can tell you that there’s still work to be done, and they know it.
SalamĂ©: But what’s going to change on August 25th and how is it going to make people understand? Specifically, what does the law actually change? What will change if I decide to go on Twitter and insult someone?
Breton: In this scenario, Twitter will be obliged to report it (if necessary to the judicial authorities) and remove the offensive language immediately. If this isn’t done, we’ll immediately go and see why not. There will be sanctions, corrections, and if it’s not corrected, a ban. The law will apply, that’s all.
Demorand: Yet, Elon Musk is a defender of absolute freedom of expression. That’s his philosophical position. Do you think it’s respectable and defensible?
Breton: In reality, his philosophy is neither total nor absolute. When I talk to him about it, he’s perfectly aware that what is forbidden in the physical space must also be forbidden in the informational space. In fact, we can assume everyone agrees as it is now European law. So what has changed in the relationship between the US GAFAs and Europe in particular? Europe is now respected as such, due to two important elements. Firstly, we have a balanced regulation, with very clear limits on what can and cannot be done. And, that’s important for companies, even if, as you know, they have fought hard to avoid it following the additional constraints it has placed upon them. As you mentioned earlier, 1,000 people work full-time at Meta, under the direction of Mark Zuckerberg himself, who knows the subject inside out. I was very impressed to see that he knew all the articles of the law and that he was there to enforce them. We’ll have to wait and see, but my point is that while the United States held back on this regulation because they couldn’t do it themselves, now that it’s done, things are changing. I also said this to the president of Nvidia, which is the biggest company today making components for supercomputers, what does Europe have that countries like the USA do not? Firstly, we know exactly what we can and can’t do with our data, and that’s very important. Secondly, we’re going to have the greatest computing power available to all companies and start-ups, far greater than that available in the United States. And we know that for these applications, particularly artificial intelligence, you need to know what you can do with the data and have access to the greatest computing power. So anyone who wants to come and develop algorithms in particular, is very welcome in France.
SalamĂ©: Regarding OpenAI the company behind chatGPT, its boss Sam Altman had said, in relation to your law, which is also intended to regulate artificial intelligence, that they would try to comply with European law, but that if they couldn’t, they would stop operating in Europe.
Breton: Yes, he initially may have said this but he then corrected himself claiming we had misunderstood what he meant. Moreover, he retweeted saying that of course we’re going to respect the law and of course we’re going to be in Europe, and that we’re also going to apply what is known as “watermarking”, which mandates the disclosing of any use of AI when generating content.
SalamĂ©: And that’s going to be the case? In other words, tomorrow’s photo of the Pope in a down jacket will be marked as having been generated by AI?
Breton: Yes, that’s exactly what the European Parliament is proposing today, and that’s what we support.
Demorand: So, on the subject of compliance with the law, we’re on the phone with Brice, at Inter’s switchboard, do you have any doubts about this, Brice?
Brice: Yes, thank you for taking my question. I wanted to ask whether this regulation will also apply to the government, not only on the web, but also in the major media like France Inter, and the politicians who deceive us and insult us time and time again. I’ll just finish with a quote from Coluche: “Journalists don’t believe politicians’ lies, but they repeat them.”
Demorand: Well, thank you Brice, see you’ve had the floor this morning. It was clearly important for you to access France Inter’s switchboard, and you can do so in complete transparency. Pierre-Yves is now on the line from Tours. Hello Pierre-Yves.
Pierre-Yves: Thank you and hello Mr. Breton. I’d like to talk about ChatGPT and the rights of academics. I’m an academic, a professor of European Union law, and we’re keeping a close eye on the forthcoming regulation on artificial intelligence. ChatGPT poses a real problem, beyond the use that students can make of it, particularly in terms of copyright. At present, copyright is neither preserved nor respected. To use a very simple example, academics in all disciplines often deposit their books, theses, articles and research on a French platform called “Hale”. Well, in reality, all this high-level academic knowledge is chatGPT’s raw material. So we won’t be cited and our copyright won’t be respected. I’ve alerted the universities on several occasions, but for the most part there’s radio silence, so this poses a real problem. My question is simple, will the European Commission initiate a regulation to guarantee our academic freedoms and, above all, our copyright in this industrial plundering, which will obviously be paid for by those who use it, but for which there will be no compensation for us?
Breton: Since you’re an academic, sir, you know that it’s not the European Commission that makes the law. The European Commission proposes a text, and we have proposed a text specifically to regulate artificial intelligence, which has now been voted on and debated by Parliament and the Council. The Council has taken its position, and the Parliament was just informed 10 days ago, and we’re now entering the trialogue. This means that the co-legislators, who are not the European Commission, are the people represented by the Parliament and the States represented by the Council. Now, they’re going to harmonise their positions, and in this harmonisation, there is indeed a proposal to preserve copyright through “watermarking”. As I previously mentioned, watermarking will ensure traceability of the usage of artificial intelligence and in particular of the data that has been used, thus enabling copyright and image rights to be preserved.
SalamĂ©: We have a few minutes of very short topical questions. First of all, on September 16, alongside European Commission Vice-President VÄra JourovĂĄ, you presented the Media Freedom Act; a draft European regulation for media freedom. Following this proposal, journalists’ associations are very concerned about the risk of censorship by platforms. They also fear that journalists will be monitored by spyware. According to reports this morning, the media are in an uproar over your text. How can you reassure them?
Breton: The Parliament has taken a very firm stance against the surveillance of journalists, and this is supported by the Commission. It’s true that today a number of countries, including France, want surveillance, but what is authorised in the text today applies to very exceptional cases. Surveillance will only be possible in four cases: if there is a risk of child pornography, or if there is a suspicion of homicide, rape or terrorism. Personally, I think that broadening surveillance is a bad idea, because obviously the reason why this text is being proposed and debated at the moment is to preserve freedom of expression and freedom of the media, particularly in European countries that are under so-called illiberal regimes. That’s why, together with the European Parliament, we’ll do everything we can to return to the original text.
Demorand: From social media, a question from Paul on Inter’s application: What about the French press? Aren’t you worried about the situation at the JDD? As European Commissioner, it’s your role to prevent this concentration of the media by BollorĂ© and his ideology.
Breton: First of all, I don’t intervene directly in this or that media, as you probably understand. What I’m saying is that we’re not going to say how this or that newsroom should be run. But it has been drawn up, and I hope that it will be applied and not distorted, precisely to preserve freedom of expression. In fact, the text sets out a number of good practices. We have seen that there are many European groups who really manage this specificity, because the information you process every day is not a commodity like any other, and so many groups today, particularly in Northern Europe, have found formidable ways of preserving freedom of expression. We very much hope that all groups in Europe, including the French, will find it in their interest to do so.
SalamĂ©: Last question, you used to run a very large company called Athos, which is an international leader in the digital sector with over 100,000 employees. It has lost value since your departure and is currently going through a turbulent period. What’s your view?
Breton: Atos has become Europe’s number one company in terms of computing power and cybersecurity, which is a tremendous asset for Europe and also for artificial intelligence.
